BOSQUET INITIATIQUE

LE 24/02/2011

RESUME DE L’ENCYCLIQUE DU PAPE JEAN-PAUL II : « ECCLESIA DE EUCHARISTIA »
  Faisant parti du septénaire sacramentel, l’eucharistie mérite notre attention car sa compréhension est à retrouvée au cœur même du mystère de l’église fondée sur la mort et la résurrection du Christ.
 L’encyclique du Pape Jean-Paul II  «L’EGLISE VIT DE L’EUCHARISTIE »[1], adressé aux évêques, aux diacres, aux personnes consacrées et à tous les fidèles laïcs, sur l’Eucharistie dans son rapport avec l’église présente le plan suivant :
D’abord une brève présentation tenant lieu de l’introduction puis six chapitres couronnés par une conclusion et une synthèse officielle de l’encyclique.  Les intitulés des chapitres se présentent de la manière suivante :
1. Mystère de la foi, 2. L’Eucharistie édifie l’église, 3. L’apostolicité de l’Eucharistie et de l’église 4. L’Eucharistie et la communion ecclésiale  5. La dignité de la célébration 6. A l’école de Marie la femme eucharistique
En allant vers la maison de son Père, le Christ avait promis sa présence permanente aux apôtres jusqu’à la fin de temps comme nous le rapporte l’évangile selon Saint Matthieu : «et moi je suis avec vous jusqu’à la fin de temps »[2]. C’est l’Eucharistie qui jouit de cette présence d’une manière spéciale et unique. Cette présence qui mérite notre adoration est une manifestation de l’amour intra-trinitaire fondement de notre foi.
La pentecôte a rendu visible la nouvelle alliance scellée avec le peuple racheté par le sacrifice suprême du Christ Rédempteur de l’humanité. C’est «à juste titre, le concile Vatican II a proclamé que le sacrifice eucharistique est source et sommet de toute vie chrétienne. La très sainte Eucharistie contient en effet l’ensemble des biens spirituels de l’église à savoir le Christ lui-même, notre Pâque, le pain vivant, qui par sa chair vivifiée par l’Esprit Saint et vivifiante, procure la vie aux hommes »[3].
Dans sa marche vers sa destinée divine avec les nations, le regard de l’église reste toujours fixer sur l’Eucharistie, sacrement par excellence, du mystère pascal. L’église est née de ce mystère. Les premiers chrétiens étaient fidèles à l’écoute des enseignements des apôtres et vivaient en communion fraternelle, rompant le pain et participant aux prières avec assiduité[4].
PAROLE S ET ACTES DE JESUS
« Vous ferez cela en mémoire de moi »[5] est une phrase prononcée au cénacle, à Jérusalem, il y a de cela deux mille ans mais qui fait corps avec les parole d’institution « Prenez et mangez-en tous : ceci est mon corps, livré pour vous…prenez et buvez en tous, car ceci est la coupe de mon sang, le sang de la nouvelle alliance et éternelle, qui sera versé pour vous et pour la multitude en rémission des vos péchés… »[6]. Ces paroles trouvent encor leur aboutissement sur la croix, par son sacrifice suprême pour la rédemption de l’humanité.
Jésus confirme qu’il est le grand prêtre qui « entra une fois pour toutes dans le sanctaire, non pas avec le sang de boucs et de jeunes taureaux, mais son propre sang, nous ayant acquis une rédemption éternelle »[7]. Dans l’Eucharistie l’homme puise la force de veiller et de prier avec la Christ. L’Eucharistie suppose la croix, la croix conduit à la glorification qui est une finalité communautaire étant donné que Dieu est amour. L’entrée dans le mystère eucharistique est un acte de foi, la proclamation du mystère de la foi célébrée dans l’église.
« L’église désigne le Christ dans le mystère de sa passion, et elle révèle aussi son propre mystère : Ecclesia de Eucharistia. Si c’est par le don de l’Esprit Saint à la pentecôte que l’église vient au jour et se met en route sur le chemin du monde, il est certain que l’institution de l’Eucharistie au cénacle est un moment décisif de sa constitution. Son fondement et sa source, C’est tout le triduum pascal, mais celui-ci est comme contenu, anticipé et concentré pour toujours dans le don de l’Eucharistie »[8].
A son église, Jésus a confié l’actualisation permanente du mystère pascal. Il se crée un « passé présent » entre le triduum et le cours des siècles. C’est-à-dire toute l’histoire se voit imprégner de l’événement pascal de génération en génération.
Contempler le visage du Christ, c’est aussi le contemplé avec Marie, le trouvé partout où il se laisse manifester. La Vierge Marie, l’humble servante illuminée, avait fait l’expérience du Christ eucharistique. L’Eucharistie comme une richesse ecclésiale est un bien universel. Le saint sacrifice de l’autel exige de la part des fidèles une participation plus consciente, plus active et plus fructueuse comme le recommande le concile Vatican II, ainsi que des cultes d’adoration : source inépuisable de sainteté.
CHAP. I. MYSTERE DE LA FOI
Deux points sont ici capitaux : les paroles de la proclamation des mystères de la foi après la consécration et le caractère trinitaire de l’Eucharistie. « Nous proclamons ta mort Seigneur Jésus, nous célébrons ta résurrection et nous attendons ta venu dans la gloire »[9]. Le sacrifice eucharistique du cops et du sang du Christ est né dans des circonstances dramatiques. Jésus se donne, une donation par excellence et non pas comme les autres, victime des nos péchés par sa passion et sa mort : l’Agneau immolé. Il nous montre ainsi l’amour qui va jusqu’au bout et qui ne connaît pas de mesure[10]. C’est « la charité universel du sacrement eucharistique »[11] pour le rachat de l’humanité. La messe est à la fois  le mémorial sacrificiel dans lequel se perpétue le sacrifice de la croix, et le banquet sacré de la communion au corps et au sang du Seigneur, nous rapporte le catéchisme de l’église catholique au numéro 1382.
Par l’exercice perpétuel du sacrifice eucharistique l’église ne fait pas seulement un simple souvenir dans la foi mais elle vit un contact actuel du même sacrifice unique au Christ. Disons avec Saint Jean Chrysostome que : « Nous offrons toujours le même agneau, non pas l’un aujourd’hui et un autre demain, mais toujours le même. Pour cette raison, il n’y a toujours qu’un seul sacrifice. (…) Maintenant encore nous offrons la victime qui fut alors offerte et qui ne se consumera jamais »[12].
La messe est loin d’être une multiplication de sacrifices. L’Eucharistie est sacrifice au sens propre où le Christ fait un double don : son amour et son obéissance qui le conduit jusqu’à la mort, il donne sa vie ; un don au Père en faveur de l’humanité. Le couronnement de ce sacrifice est sa résurrection, le premier né d’entre les morts. Voilà pourquoi l’Eucharistie est le pain vivant, pain de la vie.
A travers la célébration eucharistique, le Christ ressuscite chaque jour pour nous. Chaque jour, l’homme-Dieu se rend présent « par la consécration du pain et vin s’opère le changement de toute la substance du pain et du vin en la substance de son corps et de son sang ; ce changement, l’église catholique l’a justement et exactement appelé Transsubstantiation »[13]. Tel est l’enseignement du concile de Trente.
Ce mystère dépasse notre intelligence et sollicite notre foi. La finitude de la fragilité humaine a besoin de la grâce, de l’éclairage divin. Comment comprendre la vie par et dans le Christ après avoir mangé son corps et bu son sang ?« Amen, Amen je vous le dis : si vous ne manger pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’aurez pas la vie en vous...Ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson »[14]. Le corps du Christ est rempli de l’Esprit Saint, l’Esprit aux dons multiples et surtout qu’Il est «UNITE ». « L’Esprit déjà reçu au baptême et offert comme seau dans le sacrement de la confirmation »[15].  
Nous attendons ta venue dans la gloire : l’Eucharistie évoque aussi une anticipation eschatologique parce qu’elle est l’avant-goût de la plénitude de joie promise par le Christ (Jn. 15, 11). Le paradis a déjà commencé sur terre, un déjà là dans le pas encore ; nous goûtons en effet aux prémisses de la plénitude à venir. L’Eucharistie nous garantie la résurrection et l’immortalité, aussi la communion avec l’église du ciel (la liturgie céleste).  Mais elle nous enracine aussi dans un engagement concret dans nos tâches quotidiennes, la transformation responsable de la terre.
Bref, la construction d’un monde nouveau selon le cœur de Dieu. Un monde qui se veut de plus en plus mondialisé a grandement besoin des hommes de l’Evangile, des hommes eucharistiques qui ont comme centre de leur vie le cops et le sang du Christ.
CHAP. II. L’EUCHARISTIE EDIFIE L’EGLISE
Le Christ est le sacrement du Père, l’église est le sacrement du Christ, parce que c’est le Christ qui aide l’église à grandir dans son processus de croissance. L’église grandie premièrement par la célébration sur l’autel du sacrifice de la croix, par lequel ‘‘le Christ, notre Pâque, a été immolé’’[16].
L’Eucharistie a joué un rôle fondamental et déterminant au sein de l’église primitif : au cénacle, les douze sont réunis autour de Jésus et accueille cordialement son invitation qui le font entrer dans une communion sacramentelle : « prenez et mangez…Buvez-en tous… »[17]. Maintenant, ils peuvent devenir les germes du nouveau Israël et en même temps l’origine de la hiérarchie sacrée. Ils sont à part entière membres de la communauté messianique, le peuple de la Nouvelle Alliance. Le baptême incorpore au Christ, le sacrifice eucharistique renforce continuellement ce lien mystique sacramentel. Le Christ en nous, nous fait entrer en Lui. Car Il a fait de nous ses amis[18]. « Celui qui me mange, vivra par moi »[19]Chaque fois que vous en boirez, faites cela en mémoire de moi[20].
Somme toute, ce chapitre peut être énoncé de la manière suivante : « L’église fait l’Eucharistie et l’Eucharistie fait l’église. Mais cette église est sacrement pour l’humanité » telle est la conception du Vatican II. C’est dans ce contexte que nous pouvons comprendre l’adoration, le culte rendu à l’Eucharistie hors de la messe, comme la première adoration la plus chère à Dieu et la plus utile pour nous.
CHAP. III. L’APOSTOLICITE DE L’EUCHARISTIE ET DE L’EGLISE
L’église inséparable de l’Eucharistie a aussi toutes les qualités eucharistiques comme nous les confessons dans le credo : une, sainte, catholique et apostolique. L’apostolicité de l’église découle du Christ Lui-même, qui a fondé son église sur les apôtres, témoins choisis par Lui. Ils ont gardé, conservé et transmis le dépôt de la foi. C’est pourquoi, l’Eucharistie est célébrée : selon l’ordre de notre Seigneur et conformément à la foi des apôtres qui demeure la même jusqu’aujourd’hui. La succession apostolique est nécessaire dans la mission pastorale ; le collège des évêques, assisté par les prêtres, en union avec le successeur de Pierre, pasteur suprême de l’église. L’assemblée eucharistique a nécessairement besoin d’un prêtre ordonné pour la célébration eucharistique car il agit « IN PERSONNA CHRISTI ».
La messe ne peut au grand jamais être remplacée par n’importe quelle célébration œcuménique de la parole ou une prière, bien que cela soit une préparation à la pleine communion tant désirée. «L’Eucharistie est le centre et le sommet de la vie de l’église »[21]. Le pouvoir de consacrer l’Eucharistie a été confié seulement aux évêques et aux prêtres pour le bien de l’ensemble de peuple de Dieu. Légalité fondamentale de tous les baptisés incorporés dans la personne du Christ est comprise à côté de la diversité fonctionnelle, la multiplicité des charismes. Le prêtre joue un rôle très important au sein des activités multiples qui relèvent de la situation sociale et culturelle de son milieu. La vie du prêtre a comme centre et racine le sacrifice eucharistique, l’action du Christ grand prêtre de la Nouvel Alliance. D’où l’importance de la pastorale des vocations : « prier avec grande ferveur pour que le Seigneur envoie des ouvriers à sa moisson »[22].
CHAP. IV. L’EUCHARISTIE ET LA COMMUNION ECCLESIALE
Le concile Vatican II prône l’ecclésiologie de communion, la communion avec le Dieu Intra-trinitaire et la communion entre les fidèles. Cette communion a comme piédestal la Parole de Dieu ainsi que les sacrements dont l’Eucharistie qui est pour l’église source de vie et de croissance. La communion spirituelle est aussi recommandée, elle imprime en nous un amour profond pour notre Seigneur.
L’unité interne du septénaire sacramentelle pose le sacrement de la réconciliation comme passage obligé pour accéder à la pleine participation au sacrifice eucharistique. C’est pour éviter d’avoir la conscience d’un péché grave. La conscience d’être en état d’un péché mortel mérite la réconciliation avec Dieu au nom du Christ[23]pour ne pas accroitre sa propre condamnation et son châtiment.    
«La communion ecclésiale, comme je l’ai déjà rappelé, est aussi visible, et elle s’exprime à travers les liens énumérés par le même concile lorsqu’il enseigne : sont pleinement incorporés à la société qu’est l’église ceux qui, ayant l’Esprit du Christ, accepte intégralement son organisation et tous les moyens de salut qui ont été institués en elle et qui, par le lien que constituent la profession de foi, les sacrements, le gouvernement et la communion ecclésiastique, sont unis, dans l’organisme visible de l’église, avec le Christ qui la régit par le Souverain Pontife et les évêques[24] »
L’Eucharistie dans l’église famille de Dieu crée la communion et la maintient fraternellement. L’évêque représente cette unité dans l’église particulière. La participation à la messe dominicale est obligatoire, c’est le lieu privilégié où cette communion est constamment annoncée et entretenue, symbolisée par la table du Seigneur. Donc, l’Eucharistie est le sacrement de l’unité de l’église par elle nous adorons la Sainte Trinité.     
CHAP. V. LA DIGNITE DE LA CELEBRATION EUCHARISTIQUE
L’Eucharistie doit être célébrée dans un contexte digne avec respect rituel : dans cette simplicité visible des signes se cache la profondeur insondable de la sainteté de Dieu[25]. C’est ainsi que : « l’architecture, la sculpture, la peinture, la musique en se laissant orienter par le mystère chrétien, ont trouvé dans l’Eucharistie, directement ou indirectement, un motif de grande inspiration [26]». L’Eucharistie a fortement au cours de temps influencé les cultes, qui ont rendu à leur tour témoignage à la foi (dans l’orient comme dans l’occident chrétiens).
Ce contexte met en valeur l’exigence d’une inculturation par les églises locales, en référence à l’église universelle, pour leur enrichissement et la constitution de leur héritage. Mais surtout, l’Eucharistie ne doit pas être sujet aux improvisations, aux formalismes, aux innovations non autorisées et souvent de mauvais goût[27]. Il faut plutôt le respect des normes liturgiques sans oublier que les actes liturgiques ne sont pas privés mais communautaire et à dimension ecclésiale universelle.   
CHAP. VI. A L’ECOLE DE MARIE, FEMME EUCHARISTIQUE
Marie est la Mère et Modèle de l’église, Maîtresse dans la contemplation du visage du Christ, la femme eucharistique toujours présente parmi les apôtres. Marie a offert par son ‘‘FIAT’’ son sein virginal pour l’incarnation du Verbe de Dieu. « A Marie, il fut demandée de croire que Celui qu’elle concevait par l’action de l’Esprit Saint était le Fils de Dieu »[28]. C’est pourquoi elle est aussi l’anticipation de la foi eucharistique de l’église, « le premier tabernacle de l’histoire »[29].
Elle a fait sienne la dimension sacrificielle de l’Eucharistie. Présentant Jésus au temple, elle a écouté ce que le vieillard Siméon dit de l’enfant[30]. Elle nous invite à faire tout ce que le christ nous dira[31]. L’Eucharistie nous est donnée pour que notre vie comme celle de Marie soit entièrement « Magnificat » c’est-à-dire véritable attitude eucharistique.
CONCLUSION
Le mystère eucharistique est fondé sur Jésus, son obéissance et sa rédemption. Il ne peut être soumis à la réduction et à la manipulation des sentiments personnels. Il est plutôt source jaillissante de toute sainteté, de toute action qui vise la continuation de l’œuvre salvifique du Christ. L’église famille de Dieu vit de l’Eucharistie, sacrement universel du salut et dans la communion hiérarchique structurée. Il s’avère nécessaire pour le salut de toutes les générations humaines et chrétiennes  la transmission du mystère eucharistique. Avec Marie, ce mystère est vécu comme « Magnificat » c’est-à-dire action de grâce, comme mystère lumineux.



[1] 17 Avril 2003, Jeudi Saint.
[2] Mt. 28, 20.
[3] Ecclesia de Eucharistia n° 1
[4] AC. 2,42A
[5] LC. 22,19
[6] Missel Romain
[7] Hé 9,11-12
[8] Ecclesia de Eucharistia n°5
[9] Missel Romain
[10] Jn. 13,1
[11] Ecclesia de Eucharistia n°12
[12]  Homélie sur la lettre aux hébreux, 17,3 : PG 63, 131
[13] Session XIII, Décret sur la très Sainte Eucharistie, ch. 4 : DS, 1462 ; La foi catholique 3. 739
[14] Jn. 6, 53-55
[15] Ecclesia de Eucharistia n° 17
[16]1 Cor. 5,7
[17] Mt. 26,26. 28
[18] Jn. 15,14
[19] Jn. 6,57
[20] 1 Cor. 11,24-25 ; Lc. 22,19
[21] Ecclesia de Eucharistia n°31
[22] Mt. 9, 38
[23] 2Cor. 5,20
[24] LG. N°14
[25] Ecclesia de Eucharistia n°48
[26] Idem., n°49
[27] Idem., n°52
[28] Lc. 1, 30-35
[29] Ecclesia de Eucharistia n° 55
[30] Lc. 2,34-35
[31] Jn. 2,5