ACTUALITE

 



Mot du  président du Cercle Culturel  Pascal FAYE à l'ouverture du panel théologique


Révérends Pères et sœurs supérieurs,
Révérends Pères autorités académiques,
Révérends pères et sœurs représentants de l’USUMA et de l’ASUMA,
Messieurs les abbés,
Révérendes sœurs,
Révérends frères,
Chers professeurs,
Chers collègues étudiantes et étudiants,
Distingués invités

                                                         C’est avec beaucoup de joie que nous vous adressons notre chaleureux et fraternel bonjour. A tous et à chacun de vous, nous souhaitons une cordiale bienvenue au sein de notre Institut saint Eugène de MAZENOD. Nous vous savons gré pour votre disponibilité. Car, en dépit de vos multiples occupations, vous avez bien voulu rehausser de votre présence ce Panel théologique qui, pour nous,  constitue un grand rendez-vous de la jeunesse que nous sommes.
                          En effet, il faut le dire comme SENGHOR, notre rencontre se veut être un rendez-vous du donner et du recevoir, où chacun est invité aujourd’hui à entendre, à comprendre et à prendre au sérieux l’appel de l’avenir.
                          Les questions d’avenir ne peuvent que faire la hantise d’une jeunesse éveillée. Nous sommes sans doute, de cette génération consciente qui ne se dérobe pas face aux défis de la vie. Et notre vie, c’est l’Eglise. Cela revient à dire que s’interroger sur nous-mêmes, c’est effleurer en quelques sorte les grandes perspectives ecclésiologiques de notre temps. Car au creuset des questions existentielles qui peuvent surgir, l’Eglise nous a précédé d’avance sur des réponses et des solutions futuristes, pouvant même être reléguées à la dimension eschatologique. Oui, l’Église est un chemin d’avenir. Mais il ne s’agit pas de l’affirmer tout simplement, il faut le croire et le prouver  aux yeux du monde.
                          Il faut donc croire que c’est seulement en Eglise que nous pouvons feuilleter avec beaucoup d’audace et de courage, les chemins d’une systématisation de l’expérience humaine face à l’immense complexité de la théologie. En vérité, c’est une audace qui fait appel à la fougue de notre jeunesse mais surtout à son ingéniosité. Mais, au risque de se verser dans une témérité scientifique, nous avons bien voulu nous faire accompagner par nos ainés. Nos supérieurs, nos autorités académiques et nos professeurs sont tous là ce matin, heureux de nous voir sur scène. Nous leur disons notre profond et sincère merci, car, grâce à eux, nous sommes devenus capable, capable de tout jusqu’à oser un événement de ce genre. Merci à vous chers autorités académiques et à vous aimables professeurs.
                          Quant à vous chers collègues étudiantes et étudiants, vous avez bien voulu faire de ce Panel votre affaire à vous. Aujourd’hui, je suis plus convaincu que l’heure de la révolution est aux jeunes. Désormais, c’est à nous de penser à notre destin et à notre avenir. C’est à nous d’ouvrir de nouveaux  horizons face à l’impasse d’un nouveau regard créateur capable d’éclairer et d’orienter notre avenir, ainsi que celui de l’humanité toute entière.
                          Allons-y donc à pas sûrs chers jeunes, en ayant les yeux tournés vers Jésus Christ, de façon engagée et résolue, pour qu’aux regards croisés de nos différentes approches thématiques, nous puissions cerner les ferments de la grande espérance chrétienne.
                          Puisse Dieu bénir nos travaux afin que nous tirions partie de ce temps présent pour hâter la venue de son Règne. 
Bon travail à toutes et à tous
Et bonne journée 
Fait à Kinshasa le 26 mars 2011,
Le président du Cercle Culturel :
    Pascal FAYE












PANEL THEOLOGIQUE DES ETUDIANTS
PROBLEMATIQUE DU PANEL
Il nous semble que l’Afrique subsaharienne se trouve au paroxysme d’une aventure ambigüe. Une aventure au bout de laquelle elle se sent inquiète : ses valeurs sont en contradiction avec le monde moderne et disparaitront fatalement. Il s’agit en effet d’une crise de la transmission du savoir, des valeurs et des arts de vivre : celle des autorités et des identités collectives et personnelles. On assiste à un changement des motivations du comportement et des valeurs morales. Partout l’avenir mobilise encore des projets humains, mais c’est un avenir obscur et plein de menaces. On a l’impression que le continent s’effondre. Un effondrement qui est accueilli par certains comme signe avant coureur du renouvellement de l’Afrique et non celui d’un blocage. On pense à une renaissance en douceur qui ne nie pas le génie africain.
Or, l’Afrique dispose en effet d’une civilisation originale : elle a une histoire, des valeurs et des techniques. Malheureusement ou heureusement, depuis sa rencontre avec l’extérieur, pire encore, depuis l’accession à l’indépendance de nombreux de ses Etats, un dilemme se pose à l’Africain : faut- il encore envoyer des enfants à l’école moderne et les perdre en tant qu’africains ? Ou ne pas les y envoyer et ainsi renoncer à apprendre l’art de vivre avec autrui ? Personne n’ignore le bien fondé de l’école moderne, bref, de la civilisation occidentale. Personne n’ignore non plus l’existence d’une civilisation africaine authentique. Mais aujourd’hui, on remarque dans certains coins d’Afrique, que la jeunesse Africaine est souvent inquiète, incertaine. Sa situation est semblable à celle d’un migrant, un déraciné.
Cette situation actuelle de la jeunesse est marquée par un profond trouble d’esprit, de malaise, d’une crainte. C’est ici le lieu où il faut parler de l’éternel dialogue entre deux cultures, entre foi et culture, de la transmission du savoir. Aujourd’hui les jeunes s’interrogent, quelle a été la méthode ou le véhicule de transmission des valeurs entre ces deux mondes ? L’Africain a t- il vraiment assimilé les valeurs reçues lors de sa rencontre avec l’Occident ? Ou bien, l’Européen a-t-il vraiment assimilé les valeurs reçues lors de sa rencontre avec l’Afrique ? Ou encore, « le Christ, est- Il « incorporé » dans l’Africain ? » Autrement dit, « l’Africain peut- il être assimilé par le christianisme sans s’y perdre ni se renier lui- même ? »
Pourtant aujourd’hui, sur le marché du savoir tout est important : la nouvelle technologie, la science, la démocratie, le christianisme, la mondialisation, la mondanisassions etc. L’Afrique est en même temps désemparée, ne sachant comment résoudre l’ambigüité des situations présentes, installée dans l’hybride.
Notons- le bien, qu’il y ait une émergence des antivaleurs dans la société Africaine, dans l’Eglise, c’est évident. Chaque jour nous en fait enregistrer un cas du moins. Au nom de la liberté, de la démocratie qui sont pourtant des valeurs, chacun s’invente une voie salutaire. Les vieux principes sont ébranlés ou tout simplement méprisés. On assiste alors à une libération des tabous et des interdits qui opprimaient, gâchaient tant de vies, provoquaient des compensations redoutables, en particulier agressives. Beaucoup pensent pouvoir vivre comme ils l’entendent sans penser aux autres restrictions que celles qu’exige la liberté d’autrui.
Sans doute, ce changement de comportement n’est pas le fait de tous. Dans de telles situations, pareilles à un « embourbement », quelle serait la réaction des chrétiens ? Quelle peut et doit être une attitude chrétienne par rapport à une telle émergence qui parait touchée même au fondement de notre foi ? Peut-on parler d’une régénération de l’Afrique au temps présent?
Le constat est éclatant : certains étudiants laïcs et religieux inquiets et profondément émus face à ce désenchantement inédit, estiment nécessaire d’aller contre : ils ne nient point qu’il y ait là des aspects positifs, mais enfin, les choses ont pris une telle ampleur, spécialement dans la jeunesse et dans le cercle des intellectuels, des élites, qu’il faudrait mettre un stop, combattre rigoureusement l’immoralité grandissante. Car disait Joseph cardinal MALULA « l’excellence est ma destinée », une raison de plus pour « oser grand ».
D’autres estiment en revanche qu’un tel désenchantement est en son fond utile et sain, même s’il provoque des crises et des excès, et que le plus urgent est de débarrasser la morale chrétienne de tout ce qui la compromet avec la crainte de la chair, l’obsession, la fausse culpabilité, avec encore, des modèles culturelles décidément dépassés.
En outre, nombreux sont ceux qui estiment que c’est bien nécessaire que de modifier, d’interpeller un tel embourbement, de dépasser la peur aussi bien que le laisser- aller, le souci trop exclusif de défendre nos habitudes et nos manières de voir, aussi bien que la prétention trop commode de nous régler sur la mondanisation, les idées à la mode.
Par ailleurs, la Foi chrétienne lance un appel pressant à l’honnêteté. Pour un chrétien, dans le contexte qui est nôtre, cette honnêteté veut certainement qu’on prenne au sérieux sa foi, la tradition et l’enseignement de l’Eglise. C’est en effet un appel de l’Evangile à une vie selon l’esprit et non selon la chair. Car la foi chrétienne veut que nous voyions les choses telles qu’elles sont et les appelions par leur nom. C’est cela le rapport entre la foi et la raison que ce PANEL THEOLOGIQUE DES ETUDIANTS se propose en être l’écho.
Cependant, c’est au cœur de l’Afrique, dans la jeunesse d’aujourd’hui, qu’il faut chercher le renouvellement du continent et de l’Eglise. C’est là que les jeunes Africains, réconciliés avec leur continent, avec leurs valeurs les plus profondes, peuvent régénérer.
Chers auditeurs, la foi chrétienne fait appel à l’honnêteté dans ces situations inédites. Pourtant, il ne suffit pas d’être honnête, si onéreux que ce soit ; il convient de vivre, de penser et d’agir selon la foi. Or selon la foi, tout doit venir de la charité et aller à la charité : tout est par et pour la charité. Si, voyant mon frère qui souffre, qui a faim, je lui dis pieusement : Dieu te bénisse, au lieu de partager avec lui, je suis un imposteur. Et c’est vrai, trop souvent, notre morale, sûre de son bon droit, prétend s’y appliquer sans grand souci de la souffrance des femmes et des hommes de notre temps. Rien ne discrédite davantage la morale que cette indifférence du moraliste envers les souffrances et difficultés d’autrui. Et c’est suite à ces « tristes expériences que connaissent nombreux pays d’Afrique que l’Assemblée synodale a affirmé avec force, qu’il est possible de surmonter ces difficultés ».
Ainsi donc, tout ce qui se dit au nom de la foi doit être respect, compréhension, aide réelle, attention aux situations personnelles et collectives, écoute de ce qui veut se dire, chemin d’un amour plus vrai, liberté. Car la charité « exclut tout, croit tout, espère tout, supporte tout » (1Co 13, 7). Dés lors, une tâche délicate et périlleuse mais certainement capitale et vitale pour l’avenir du christianisme dans le continent Africain incombe aux Eglises d’Afrique : celle de penser une Evangélisation et une éducation de la jeunesse qui assumerait les multiples défis auxquels les peuples Africains font face. La crédibilité du christianisme en dépend.
Le sens réel du langage et du caractère théologique que revêt ce PANEL se trouve engagé là : car si nous, chrétiens, croyions en la charité de Dieu et que, lorsque nous parlions en son nom, la charité est absente, que recouvre donc nos paroles, sinon ce que nous n’avouons pas : la peur devant la chair, le refus d’une relation humaine, la servitude de la loi ? Il est vrai de dire avec l’abbé Léonard SANTEDI que « les témoins du Christ en Afrique ne peuvent faire fi de l’expérience africaine. Ils sont conviés à assumer les attentes et les efforts des peuples africains, en particulier de sa jeunesse, qui luttent contre vents et marées pour une Afrique qui se remet de ses faux pas, de ses pannes, de son étranglement et de son isolation ». C’est là la tâche éminemment prophétique qu’est confiée à l’Eglise dans le monde de ce temps.
Finalement c’est dans la main d’une jeunesse amortie qu’est remise la clef de l’Avenir. Voilà pourquoi en ces temps présents, l’Eglise a un rôle et un devoir immense vis-à-vis de l’homme de toute culture.
« Pour mener à bien cette tâche, l’Eglise a le devoir, à tout moment, de scruter les signes des temps et de les interpréter à la lumière de l’Evangile, de telle sorte qu’elle puisse répondre, d’une manière adaptée à chaque génération, aux questions éternelles des hommes sur le sens de la vie présente et future et sur leurs relations réciproques » (G.S. 4).
Voilà pourquoi, l’Eglise est appelée à faire un travail de discernement évangélique à la manière d’une « Mère et Educatrice », « Mater et Magistra » c’est- à- dire, tout en restant fidèle à la tradition, doit oser ouvrir ces fenêtres sur le monde, pour traiter en niveau mondial, continental et régional, des problèmes d’organisation sociale, de l’Avenir de la jeunesse  malgré la crise.
Ainsi, dans ce contexte des crises en Afrique, le rôle de l’Eglise consiste à s’insérer dans un esprit de service, dans chaque culture, pour faire face, dans un vrai dialogue aux multiples mutations de ce temps présent ; mutation qui varie selon les signes des temps, les transformations économiques, sociales, politiques et culturelles qui s’opèrent dans chaque individu ou chaque chrétien.
Ce PANEL théologique des étudiants, se veut ce lieu de dialogue entre les jeunes étudiants et les autorités ecclésiastiques, académiques et toute la communauté scientifique autour du thème que voici : « Notre avenir, Notre Eglise ».
GAMENDE Aubert.